Si l’homme et la femme sont heureux, ils ne consomment pas

Si l’homme et la femme sont heureux, ils ne consomment pas. C’est la frustration qui est la base du désir de consommation. Aussi faut-il leur offrir d’inaccessibles modèles de beauté et de richesse, afin que la frustration les mène sur le chemin des achats. Que nos journaux, que nos médias leur tendent sans cesse les images de corps parfaits, de jeunesses éclatantes et éternelles... Au désespoir de ne pas les posséder, ils chercheront à les acheter. Que les cinémas abreuvent la jeunesse d’infatigables super-héros à la libido sans faille. Qu’une coupure forte et nette soit faite entre ceux qui participent à la fête des médias et ceux qui n’en sont que les dérisoires spectateurs. Nos gammes de vêtements, nos cosmétiques, nos lotions, nos produits amincissants, nos publicités sont là pour mettre du baume à leur malaise et nourrir leurs rêves. Et plus ils seront laids, disgracieux et obèses, plus ils débourseront. Car il est dit dans les Circulaires que la Bonheur ne consomme pas. C’est la peur de mourir, c’est la peur de vieillir, c' est la peur d' être différent qui ouvrent les portes de nos magasins. Consommer n’est pas un choix. C’est une obligation morale. Qui oserait ne pas sanctifier les dates sacrées, images mêmes du bonheur, que sont Noël, la Saint-Valentin, le 1er Mai, les soldes d' hiver et d' été ou la fête des Mères? Qui oserait porter des vêtements usés, des chaussures élimées qui le dénonceraient à l’opprobre de tous? Tout doit être neuf, car l’usure est l’image honteuse de la vieillesse et de la mort. Kosy Libran. Extrait ( Le Prophéte du libéralisme).